Malonnois au bout du monde

Brève description du voilier

" KEKILISTRION "
Cotre de grande croisière en ferro-ciment.
Longueur de pont : 12 mètres
Déplacement : 12 tonnes
Surface de voilure au près : 100 m²
Moteur diesel 60 cv
Tous les équipements modernes d'aide à la navigation, y compris radar

Le voyage … jour après jour…. 1ère partie : le cap Horn .

1er jour : dimanche 21 mars 2004.
(jour du début de l'automne en hémisphère austral).
USHUAIA - PUERTO WILLIAMS ( 25 miles)
De l'Argentine au Chili.
Après les formalités administratives, embarquement un peu avant midi. Soleil, ciel bleu : il fait très beau…
Petit arrêt à l'isla de los lobos, l'île des lions de mer, puis aux îles Bridges (cormorans dominicains et manchots de magellan, goëlands de scoresby, premiers albatros).
Après le passage à hauteur du célèbre phare des éclaireurs, ils aperçoivent, pour la 1ère fois, des canards-vapeur.
Arrivée à Puerto Williams à 16h30 : formalités administratives d'entrée au Chili.

2ème jour : lundi 22 mars.
PUERTO WILLIAMS - PUERTO TORO (25 miles)

Petit déjeuner agrémenté de confiture maison (chaura et calafate). Au départ à 9h45, ciel bleu puis un peu voilé.
Direction : une petite île où vit une colonie de manchots et de pingouins papua: superbe !
" Un petit vent d'ouest nous arrive : on hisse la GV et on tangonne le foc…le bateau est magnifique sous cette voilure…et puis très beau spectacle offert par un groupe de dauphins qui jouent autour de nous, font des cabrioles et nous accompagnent ainsi jusqu'à Puerto Toro.
Arrivée à 15 h. (île Navarino) ; sur le petit ponton de bois , en ruines, c'est un autre spectacle : quelques pêcheurs du coin , très démunis faut-il le dire, sont là et c'est le troc : du vin et des cigarettes en échange de 2 seaux de pattes de centollas, les crabes géants…inutile de préciser que le repas du soir fut royal ! "

3ème jour : mardi 23 mars :
PUERTO TORO - CALETTA MAXWELL (52 miles).

Départ à 8h40, temps couvert, il ne fait pas trop froid :5-6° . " Nous abordons le PASO GOREE :situé entre l'île Lennox et l'île Navarino en compagnie des dauphins : à l'entrée du passage beaucoup d'algues flottent entre 2 eaux…à éviter !.
12h30, la pointe GUANACO sur l'avant tribord ; nous allons traverser la baie de NASSAU où il y a toujours du vent et de la mer. Heureusement nous sommes au portant, les otaries viennent nous saluer ". Nous abordons les îles WOLLASTON par le canal Washington et arrivons vers 18 h. dans une crique bien abritée : mouillage sur 1 ancre et 2 amarres à terre frappées à des arbres robustes ".

4ème jour : mercredi 24 mars :
le grand jour !, le but du voyage !
C.MAXWELL - CABO DE HORNOS- ISLA HORNOS -
CALETTA MARTIAL ( 37 miles )

Les choses sérieuses commencent ! …durant la nuit, réveil par le passage d'une dépression accompagnée d'averses de grêle
A l'approche du Horn, la houle du Pacifique se fait croisée : celle qui vient de l'W et celle qui est rejetée par l'île, d'où la barre devient très dure et cette houle difficile à négocier.
" Enfin, voici ce fameux cap !!! nous le passons d'W en E, il est exactement 11h30 LT.
La houle fait environ 3 mètres, elle est longue, belle, d'un bleu intense, quelques déferlantes…
Position : l. 55° 58' S g 067° 17' W
Pourrons nous débarquer et grimper tout en haut de l'île Horn ?
La situation est limite, le vent a changé, il est parallèle à la côte, la houle est forte … impossible de mouiller en toute sécurité…heureusement, nous sommes 2 bateaux et nous allons nous entraider. Une annexe est mise à l'eau, Jean fait la navette pour transporter les équipages tandis que les bateaux font des ronds dans l'eau en nous attendant…recommandation : ? faites vite ! le temps peut changer ! ?
C'est ainsi que nous débarquons vers midi (ce ne sera que la 2ème fois qu'on réussit depuis le début de saison !) : tout en haut se trouve le phare ainsi qu'une magnifique sculpture représentant un albatros. Au pied de ce monument, l'AICH de St Malo (Amicale Internationale des Caps Horniers, aujourd'hui dissoute) y a déposé un coffret renfermant les noms des capitaines au long-cours cap horniers. Nous grimpons jusqu'à un baraquement qui sert de poste de contrôle . Un jeune couple y vit avec un enfant de 5 ans. Nous y sommes accueillis avec un verre de limonade, on écrit un mot dans le livre d'or, histoire d'immortaliser l'événement, achat et envoi de quelques cartes postales (c'est un vrai bureau de poste !) et chacun reçoit son diplôme …cher ce diplôme…50 € pour les 4 !
Nous offrons du vin et des cigarettes, les 2 équipages se congratulent :

nous voici " cap horniers "

…et puis nous repartons après avoir observé un couple de Kelp Goose (oies caranca ) "
Arrivée à la Caletta Martial de l'île Herschel

5ème jour : jeudi 25 mars :
C. MARTIAL - PUERTO WILLIAMS (72 miles).

La baie Nassau n'a pas démenti sa réputation : direction du vent peu favorable (allure au près-bon plein) et la force encore moins !
" Ce fut une journée longue et dure physiquement, tandis que sur le plan moral, c'était pas mal car on avait le sentiment d'avoir " mérité " notre cap Horn.
Donc, lever à 6 h. et départ à 7 h., harnais de rigueur pour tout le monde.
Jean-Lou débute la journée : houle croisée, grains de grêle et de neige, un vent qui souffle à 40-45 Kn.
A 10h30 Michel prend le relais à la barre : la mer est un peu moins forte mais la force du vent est toujours là !
Après-midi, Jacqueline rejoint Michel sur le pont et termine en tirant des bords pendant 3 heures pour rentrer à Puerto Williams : nous y arrivons vers 21 h., la nuit est tombée.
On a les yeux rouges et gonflés , des " rivières blanches " sur le visage : ce sont des traces de sel : l'eau de la baie Nassau est aussi salée que celle de la mer du nord ! "

A propos de la météo.
On prenait connaissance de la météo plusieurs fois par jour sous forme de cartes de situations et de prévisions des fronts émises par un poste BLU et lues sur un ordinateur portable.
Il faut savoir qu'il peut y avoir de grandes différences entre les prévisions et la réalité : cette journée du 25 mars en était une bonne illustration.
En effet, le vent a soufflé très fort toute la nuit du 24 au 25 (à tel point qu'au mouillage l'éolienne s'emballe) : au lever, Jacqueline demande à Popof " on va partir quand même ? " …et lui de répondre " bien sûr, on a le vent pour nous "
- on annonçait du SW 30-35 Kn et en réalité, c'était un vent de W-NW 40 Kn au moins.

" L'apéro efface nos misères de la journée et nous nous retrouvons autour de la table, le moral au zénith pour la suite du programme…
Aujourd'hui, il n'y a pas eu beaucoup de photos ni de prises de vue…circonstances obligent !!! "

6ème jour : vendredi 26 mars :
PUERTO WILLIAMS : congé = récup.

" Grasse matinée et enfin une bonne douche. A 10 h. il fait beau soleil et la t° est agréable ; sortie " en ville " : on réussit à trouver un téléphone et à joindre nos familles, on parvient aussi à envoyer des E-mails (avec beaucoup de lenteur et de difficultés : coupures…).
A midi, " la vie sociale " reprend ses droits : apéritif sur le pont de " Boulard " où nous retrouvons Alain et Claudine Karadec de KOTICK ainsi que les italiens de SAUDADE 3.
Le soir, après dîner, yacht club pour Popof et Michel (les autres font dodo) : cela valait la peine car c'est le yacht club le plus austral du monde…ambiance super sympa et retour aux petites heures ! "

Photos : Michel Haedens