FACE ET PROFIL : Madeleine Delhaye-Namêche

 

Elle est née en 1916 dans la rue du Fond, au n° 29, actuellement habité par la famille Dembus-Denis. Ses pa-rents, Jean Namêche et Thérèse Menjot, étaient cultivateurs. Pendant de longues années ils ont exploité la ferme de Clinchant qui jouxte le " plateau " et les terrains de sport de l'Institut St-Berthuin. Cette ferme et de nombreux terrains environnants appartenaient déjà aux grands-parents Namêche. Ce bâtiment a été joliment restauré par la famille Verlaine. Louise, la soeur aînée de Madeleine, devint l'épouse de Maurice Awoust, an-cien instituteur en chef de l'Ecole Communale de Malonne et membre fondateur de Cercle Archéologique (le CHAM). Décédé en 1989, il est l'auteur du bel ouvrage " Malonne, Pays de Liège " publié en 1984.
Madeleine se souvient de sa première institutrice à l'Ecole Communale, Mme Lydie Houbion( belle-mère d'Odette Houbion Leurquin) qui tenait l'école gardienne . Ensuite, elle est passée chez Mme Van Herck qui régnait avec fermeté sur la classe unique primaire pour les filles .(A l'époque, on ne parlait pas encore de mixité).
Madeleine évoque le jeune Camille Tonne (l'ancien boulanger du Malpas), son cadet de quelques années.
" Il habitait à Buzet et venait à l'école en sabots... Pendant le temps de midi, je l'aidais à apprendre à lire... "
Madeleine a beaucoup travaillé à la ferme familiale, même après son mariage avec Fernand Delhaye. Ce der-nier, originaire de Lonzée, est décédé il y a quatre ans. Ils ont eu un fils, Jacques, professeur de langues germa-niques, qui leur a donné un petit-fils, Philippe; celui-ci exerce le même métier que son père. C'est une famille d'enseignants puisque les épouses de Jacques et de Philippe sont institutrices.
En 1940, à la déclaration de la guerre, Madeleine accompagne ses parents en exode en France. Elle rentra peu après avec le père Namêche, renversé par une ambulance... et deux chevaux en moins, tombés dans l'Escaut. La vie à la ferme reprend son cours: " Il fallait garder les récoltes nuit et jour pour éviter les pillages... mais nous n'avons pas été inquiétés par l'occupant allemand ".

La chapelle Lesire : Madeleine s'étend longuement sur le sujet: " C'est un arrière grand-oncle, le boucher Lambert Lesire, qui a fait construire cette chapelle en 1865, en même temps que la ferme du Bransart qui lui fait face . L'architecte était le Frère Maxentis du Pensionnat St-Berthuin .A sa mort en 1875, le boucher Lesire fut inhumé sous la chapelle .Ce tombeau, illicite car situé en dehors d'un cimetière servit de précédent au bourgmestre Fernand Colon en 1926 pour convaincre le Conseil Communal d'accorder le transfert du corps du Frère Mutien Marie depuis le cimetière de Malonne jusqu'à l'ancien sanctuaire "
Le livre de Maurice Awoust raconte une anecdote amusante: Gros propriétaire, le boucher vendit aux Frères une parcelle de rochers au bas de la Navinne. Ceux-ci ne le prirent cependant pas comme fournisseur de viande. Le boucher ne désarma pas; il fit aménager un petit belvédère à l'emplacement où les Frères construisi-rent par la suite un calvaire. A cet endroit, il venait faire danser des femmes au son de l'accordéon jusqu'au moment où les Frères exaspérés, consentirent à lui acheter de la viande... Les relations s'améliorèrent
par la suite entre le boucher et le Pensionnat. Les Frères lui achetèrent l'emplacement pour construire l'Ecole Normale et son Ecole d'Application (ancienne école primaire - Externat)
" A la chapelle Lesire, on disait la messe 2 fois par an, une fois en mars, me semble-t-il, puis le 17 septembre( St-Lambert, patron du boucher Lesire. Etant petite, je me souviens d'être allée avec ma grand-mère, pour l'aider à nettoyer la chapelle, après la messe... "
A la mort de mon grand-père, ma mère a hérité de la chapelle, mais elle a cédé ses droits à ses cousins Laurent Mingeot et Lambert Menjot. Remarquez l'orthographe différente du nom des cousins; elle est due antérieure-ment à une grossière erreur de transcription à la naissance des deux frères dans le registre d'état-civil. "
Après bientôt 140 ans d'existence, la chapelle Lesire est en mauvais état. L'année dernière, la propriétaire, une dame qui réside dans le sud de la France, en a fait don à la nouvelle ASBL " SEQUOIA ". Cette institution pour enfants psychotiques et autistes est venue s'ajouter au " Nidoux " dans les murs de l'ancienne ferme de Lambert Lesire.
La grand-tante de Madeleine, Marie-Josèphe Mingeot était la grand-mère de Fernand Colon qui fut bourgmes-tre de Malonne pendant 55 ans et décéda peu de temps avant la fusion des communes. Une anecdote: Fernand Colon avait appris le métier de sabotier... et ne l'a jamais exercé.
Depuis peu, Madeleine a quitté le Chepson pour venir se faire choyer chez son fils Jacques et sa belle-fille Ma-ryse, dans le quartier de Clinchamp où elle a laissé bien des souvenirs... Madeleine passe le temps en lisant beaucoup, notamment le journal qu'elle " épluche" quotidiennement pendant une grande partie de la matinée.

Malonne Première lui souhaite encore de longues années de bonheur en famille.

Photos : famille Delhaye